Et si on prenait la clé des champs... à Paris ?

Safran, champignons, tomates ou encore micro-pousses trouvent dans la capitale un terroir de choix. Fermes urbaines nichées sur les toits et potagers partagés régalent les amateurs de fruits et légumes sans transport ni pesticides. Découvrez la ville autrement, en visitant quelques-uns de ces verts paradis qui associent nature et haute technologie.

Du safran sur les toits

Le safran, l’épice la plus chère au monde, vient des pistils du crocus sativus. Cette ravissante fleur violette éclot en octobre sur cinq toits du Grand Paris. Elle est cultivée par les "Bien Elevées", quatre sœurs qui ouvrent à la visite deux prairies d’altitude. Posée au sommet d’un lycée hôtelier avec vue sur la tour Montparnasse, celle de l’avenue Raspail se révèle spectaculaire pendant la floraison. Les visiteurs peuvent aider en cueillant quelques filaments. La découverte est également magnifique quand les terrasses verdoient ou sont en jachère. Elle s’accompagne d’une gourmandise : Ladurée utilise "le safran de Paris" pour son nouveau macaron. En 2019, les toits parisiens ont fourni 700 grammes de safran, les Français en consomment 40 kilos par an : le marché existe !

Bien Elevées (Lien externe)
Visite des fermes urbaines (reprise en octobre) (Lien externe)

Les bons plants de l’Est parisien

Le chic parisien, c’est récolter soi-même ses graines, pour des semis qui respectent la diversité. "Enfouir des plants stériles dans de la tourbière importée n’est plus de saison", explique Amélie Anache de Pépins Production. Si l’on ne possède pas sa plate-bande dans un des jardins partagés, pas de regret. Pépins Production accueille les petites mains bénévoles les vendredis et samedis dans ses deux pépinières de Chanzy dans le XIè et Flore urbaine dans le XXè. À la sortie ou sur le tout nouveau site web, on achète capucines, guimauve, pensée sauvage ou moutarde japonaise.

Pépins Production (Lien externe)
Ateliers avec Pépins Production (Lien externe)

La truite arc-en-ciel d’Asnières-sur-Seine

Cadre rétro pour technologie hi-tech : les truites arc-en-ciel et les salades des "Jardins du saumonier" grandissent en synergie sous la charmante architecture en fer de la Halle Flachat, au coeur d’Asnières. L’aquaponie associe poissons et végétaux, les premiers rejetant un engrais fertilisant les seconds. Après un tour des bassins grouillants et des bacs chargés de légumes, une escale s’impose à la boutique. On y trouve le saumon élevé en rade de Cherbourg par la même société piscicole, AMP aquaculture. Pascal Goumain, son fondateur développera en 2021 son "approche pragmatique de l’agriculture urbaine" dans le 18ème arrondissement. Dans le cadre du programme Les Parisculteurs, les truites de Pascal vont investir un gymnase dans la bien nommée rue des Poissonniers.

"Jardins du saumonier" d’Asnières-sur-Seine (Lien externe)
Visites des "Jardins du saumonier" (Lien externe)

La méga-ferme suspendue de la Porte de Versailles

La tour Eiffel scintille à quelques kilomètres, comme un point au-dessus des plants de tomates, des rideaux de choux et des bacs de fraises. Occupant 14 000 m² sur le toit du pavillon 6 du Parc des Expositions, la Ferme Nature Urbaine –NU Paris - constituera à terme la plus grande d’Europe ! Déjà, elle produit par jour 500 kilos de fruits et légumes : ils alimentent en partie le restaurant attenant, le Perchoir, et son immense terrasse poétique et déco. Pascal Hardy a mis au point un système vertueux, des colonnes sur lesquelles se clipsent les plants de chou kale ou de capucines et des gouttières pouvant accueillir des tomates ou haricots. Un circuit fermé et économe les alimente en eau : 1 m3 d’eau par an pour 52 plants. Le fondateur d’Agripolis veut "contribuer à la résilience environnementale et économique des villes". Deux serres se prêtent à l’accueil d’évènements.

Nature Urbaine (Lien externe)
Visites et ateliers chez Nature Urbaine (Lien externe)

La vigne de Versailles

À une demi-heure de Paris, la vigne refleurit sur le terrain de chasse historique des Rois de France. Lors de la visite du Domaine La Bouche Du Roi, on voit même flotter au-dessus des champs, à moins de 15 kilomètres, le Château de Versailles. Les trois jeunes associés de la Winerie Parisienne –qui gèrent un chai sur la tour Eiffel- ont replanté 23 hectares à la sortie du joli village de Davron. Attelage moderne, la visite se fait dans une carriole tirée par un 4x4 : leçon de taille à même les ceps, explication sur les cépages anciens et la culture biologique. Pendant les vendanges, les bonnes volontés et les bras sont acceptés ! La visite se termine par une dégustation accompagnée de produits des exploitations alentour. Avant de rentrer à la capitale, on remplit son panier à la célèbre Ferme de Gally, (Lien externe) ou encore aux Deux Gourmands en passant par la Ferme de Grignon (Lien externe) .

Domaine La Bouche Du Roi (Lien externe)
Visites du domaine (Lien externe)

Les plantes sauvages du bois de Vincennes

Poser une mûre à l’intérieur d’une tendre feuille de tilleul et savourer : les cueillettes de plantes sauvages comestibles font un tabac... Même à Paris on peut se sustenter. Attention ! Quelques plantes sont toxiques. "Ne consommez que ce dont vous êtes sûrs à 300 %" recommande Christophe de Hody de l’association Le Chemin de la nature. Il guide chaque semaine dans le bois de Vincennes les curieux parmi 500 espèces de plantes. On découvre avec lui l’orge des rats, l’ortie, le prunier mirobolant et toutes ces plantes bourrées de protéines qui ont nourri l’humanité bien avant qu’existe Lutèce.

Le Chemin de la nature (Lien externe)
Balades avec le Chemin de la nature (Lien externe)

Les micro-pousses de la Porte de la Chapelle

Des centaines de barquettes, garnies de tendres feuilles vertes, patientent à l’ombre de huit anciens boxes pour voitures. Le 2e sous-sol du parking La Caverne, Porte de la Chapelle, offre un spectacle hélas inaccessible au public. Ici dans une température oscillant entre 14 et 23° se développent à l’ombre une centaine d’espèces de plantes en version lilliputienne : hysope anisé, amarante, shizo, mitzuba japonais, tagette ou estragon mexicain... Riches en protéines, lipides, glucides, sels minéraux, le goût puissant des micro-pousses est apprécié par les chefs, et la jeune start-up Wesh Grow approvisionne plus de 250 tables dont celle du Plaza-Athénée. On trouve aussi ces barquettes pleines de peps chez Maison Plisson ou encore à La ruche qui dit oui des 18e et 20e arrondissements.

Wesh Grow (Lien externe)

Se rendre à Paris