Ouverture du MoCo à Montpellier : rencontre avec Vanessa Bruno

Les femmes adorent son style sobre et féminin; son sac-cabas à strass est un succès planétaire... Aujourd'hui présidente du MoCo, l'ambitieux Centre d'Art Contemporain de Montpellier ouvert depuis 2019, Vanessa Bruno pose (pas très loin) ses casquettes de créatrice de mode et de chef d'entreprise pour raconter ce temple mondial de l'art contemporain en Occitanie. Rencontre avec une femme aussi discrète que passionnée, qui vibre au rythme de la découverte et du mélange des genres. Contagieux!

Qu’est-ce qui vous a décidé à accepter cette mission de présidente du MoCo?

Vanessa Bruno : C’est Nicolas Bourriaud et Philippe Saurel (respectivement directeur du MoCO et maire de Montpellier, ndlr) qui m’ont approchée. J’ai trouvé le concept incroyable, unique en France. D’abord parce qu’il réunit trois entités, l’école des Beaux Arts, le centre d’art La Panacée, et le MoCo qui abrite les collections. C’est très innovant. Philippe Saurel veut inscrire Montpellier dans une dynamique internationale à travers des partenariats sur la création, tout en y associant les étudiants. C’est une ville jeune, ça me touche beaucoup. Enfin, le milieu de l’art me passionne. Donc ce projet ne représente que du plaisir!

Y’a-t-il une volonté d’affirmer le rayonnement de la France dans le domaine de l’art contemporain?

V.B. : Bien sûr ! C’est cela le monde de l’art contemporain, une certaine idée du rayonnement et une source d’étonnement à travers des univers différents, des artistes venus d’autres horizons, qui ont chacun une façon singulière de montrer leur art. Pour moi qui aime le métissage, c’est très important. On sent vraiment l’ambition d’une ville, de toute la région Occitanie et bien au-delà. Mais si le projet à une vocation mondiale, il prend fortement en considération la région puisque c’est elle qui le porte avant tout.

Votre rôle en tant que présidente du MoCo, comme l’appréhendez-vous ?

V.B. : On m’a choisie d’abord parce que j’ai un regard neuf sur l’art contemporain ; je ne suis pas dans les diktats du milieu et du système. Je suis là en tant que créatrice, mais aussi chef d’entreprise. Je sais monter des projets avec tout ce que cela représente en termes de logistique et de coûts. Du côté de la création, j’aime les rencontres que le projet provoque entre différents univers artistiques, aussi bien celui de la photographie, de la vidéo, ou celui des plasticiens, et pourquoi pas de la mode demain. J’ai eu la chance de voyager à travers le monde et d’aller voir beaucoup d’expositions, de rencontrer des artistes. On attend de moi que j’apporte un regard différent sur ce mélange des genres. Je me réjouis aussi du travail d’ambassadrice du projet, aussi bien en France que demain à l’international.

Vous évoquez la mode, pourrait-elle faire son entrée dans le cadre du MoCo ?

V.B.: Oui c’est possible ! Les artistes, comme les gens de la mode, ressentent l’air du temps. Nous sommes des observateurs de notre époque. La mode a plutôt un rapport au grand public, plus accessible. J’aimerais expliquer que l’art contemporain peut l’être aussi. Les gens se font souvent une idée avant même d’avoir franchi le pas. Je peux témoigner que le fait de franchir le pas a énormément nourri mon travail, sans l’empêcher d’être accessible.

L’ambition du MoCo est mondiale… Quel est le public visé?

V.B. : Le public international, régional, français… Quand Nicolas Bourriaud a présenté le projet, il a annoncé qu’il ambitionnait de présenter le MoCo comme une plateforme équivalente à Los Angeles pour le cinéma au niveau mondial.

Des villes sont déjà positionnées sur ce créneau de l’art contemporain au niveau international…

V.B. : Oui mais aucune ne présente les trois pôles en même temps. On parle alors de musées, comme à la biennale de Venise, qui ne se tient par définition qu’une fois tous les deux ans, ou Art Basel à Bâle et Miami qui regroupent des exposants, mais où peut-on bénéficier de toute la filière depuis l’apprentissage jusqu’à l’accueil de grandes collections, le tout au même endroit?

Quelle sera la tendance de la programmation ?

V.B. : Les expositions au MoCo durent au moins trois mois, à raison de trois expositions par an. La programmation sera très internationale. Le lieu aussi est très important : le MoCo pensé en véritable lieu de vie garde son cachet d’hôtel particulier ancien, mais il est complètement transformé pour recevoir des œuvres majeures, dont certaines monumentales, grâce à de grands volumes et des monte-charges pour en permettre l’installation. Il y aura aussi un jardin recréé par Bertrand Lavier, un espace pour recevoir les visiteurs, et un autre pour les expositions. L’ensemble sera hyper agréable pour découvrir les œuvres. Reste à le vivre maintenant !

Votre implication dans un projet à Montpellier n’est pas le fruit du hasard. Racontez-nous votre ancrage dans la région…

V.B. : J’ai un peu fait découvrir la région à Nicolas Bourriaud... Ma mère est danoise, mon père est nîmois d’origine italienne. J’ai passé de nombreuses vacances en Camargue. Nîmes, Arles et Montpellier ont toujours été des passages réguliers pour moi, tout au long de ma vie. J’ai vu évoluer ces villes et leurs environs. Il y a toute cette culture liée aux chevaux et, que l’on soit pour ou contre, celle liée aux taureaux, et toutes ces fêtes de village. C’est une région restée très sauvage, attachée à sa culture, et très marquée par le caractère de ses habitants. Un endroit encore à découvrir…