Musée Ingres Bourdelle : la nouvelle vie d’un musée unique

Attention, pépite à découvrir au cœur de l'Occitanie ! Le Musée Ingres Bourdelle de Montauban, seul musée Ingres au monde, rouvre ses portes le 14 décembre 2019, après trois ans de travaux. Agrandi, modernisé et digitalisé, le nouvel écrin est à la mesure des collections : un fonds exceptionnel de dessins et peintures signées Ingres et de sculptures de Bourdelle, l’autre enfant du pays, à qui il est également dédié.

Le palais épiscopal de Montauban n’avait pas connu une telle effervescence depuis l’époque de sa construction au XVIIe siècle ! Conservateurs, restaurateurs, transporteurs, éclairagistes, scénographes ou encore médiateurs... À quelques semaines de sa réouverture, tous les corps de métiers liés à la muséographie semblaient avoir investi le moindre recoin des 2 700 m² d’espaces de l’édifice afin de mettre la dernière main au nouveau décor du Musée Ingres Bourdelle.

1 000 oeuvres exposées

Plus grand et plus moderne, le musée a été entièrement repensé afin de mettre en valeur son fonds exceptionnel, notamment la plus vaste collection au monde de dessins d’Ingres et la deuxième collection de peintures du maître après celle du musée du Louvre.

Un millier d’œuvres y sont exposées en permanence, dont 500 minutieusement restaurées entre 2016 et 2019. Parmi elles, le fameux Violon de Jean-Auguste-Dominique Ingres, passé à la postérité : on lui doit l’expression "avoir un violon d’Ingres" pour désigner une passion assouvie en marge de sa profession.

Dès l’entrée dans la cour, les pavillons de verre destinés à fluidifier les parcours de visite signent l’entrée dans le XXIe siècle du bâtiment classé aux Monuments historiques, dont les façades, les baies et les toitures ont été entièrement rénovées.

Un palais métamorphosé

Présentations innovantes faisant appel au numérique et au multimédia, films sur la genèse d’une oeuvre ou l’histoire du bâtiment, éclairages savamment étudiés... La modernisation des espaces qui gagnent 700 m² supplémentaires met en valeur les œuvres tout en soulignant la magnificence de leur écrin.

Une métamorphose de plus pour le palais, dont on découvre au passage le décor, minutieusement restauré, des solives peintes aux arcades festonnées de briques ocre en passant par les dorures à l’or fin exhumées des plâtres.

En entrant, il est tentant de filer directement vers les salles du 1er étage dédiées à Ingres, le clou du musée. Grands formats rappelant l’influence de Raphaël et de l’Antiquité, œuvres de jeunesse ou portraits célèbres comme celui de Mme Gonse.

Dans l’ancienne chapelle dont les fenêtres ont été dégagées afin de faire entrer la lumière, les œuvres du maître tout comme celles de ses élèves prennent leurs aises sous les 10 mètres de hauteur sous plafond. À voir leurs dimensions imposantes, on imagine les trésors de dextérité qu’il a fallu déployer pour les acheminer, les accrocher et les éclairer.

Une collection unique au monde

Plus intimiste, le deuxième niveau, restitué pour la rénovation, a été conçu comme un cabinet d’arts graphiques afin de dévoiler une collection unique au monde : 4 507 dessins signés de la main d’Ingres pour qui le dessin était "la probité de l’art". Le tout se dévoile à travers une ingénieuse présentation : meubles à tiroirs horizontaux ou grandes vitrines transparentes conçus sur mesure, et écrans donnant accès à l’ensemble des oeuvres graphiques numérisées.

Pour plonger dans l’univers de Bourdelle, l’autre enfant du pays auquel le musée nouvelle mouture rend hommage jusque dans son nouveau nom, cap sur le premier sous-sol. Autour du monumental Héraklès archer, sa sculpture la plus célèbre, marbres, bronzes, plâtres ou maquettes se déploient : 68 sculptures et une centaine de pièces graphiques retracent l’ensemble des périodes de l’œuvre de l’ancien élève de Rodin.

Encore soif de peinture ? Au deuxième étage, on navigue entre écoles italiennes et du Nord des XIVe, XVe et XVIe siècles, écoles françaises ou étrangères du XVIIe siècle ou bien art du XVIIIe siècle, de Boucher à David.

Salle voutée et passé tourmenté

Et pour remonter aux origines du palais, on descend de quelques crans. Au deuxième sous-sol, dans la somptueuse salle voutée du "Prince noir" en référence à Edouard Plantagenêt, pièces d’archéologie et objets liés à l’histoire locale témoignent du passé tourmenté de la région : le palais épiscopal a été édifié sur les fondations d’un premier château comtal du XIIe siècle, puis d’un château anglais du XIVe siècle resté inachevé pendant la guerre de Cent Ans.

Pour une visite de fond en comble, mieux vaut donc prévoir large ! D’autant que l’on peut encore compléter avec les expositions temporaires qui se déploient au rez-de-chaussée entre salon de thé et librairie-boutique.

De l’histoire du bâtiment à la "constellation Ingres Bourdelle" en 33 œuvres provenant des collections nationales en passant par une œuvre de réalité virtuelle générative et interactive autour des peintures d’Ingres signée Miguel Chevalier, et un voyage dans son atelier de dessin, les quatre expositions temporaires prévues pour la réouverture jettent un éclairage inédit sur les processus créatifs entre art du XIXe siècle et art contemporain.

Une expérience personnalisable

Mais si l’on veut aller à l’essentiel, tout est prévu ! Afin d’aider les visiteurs à se repérer, une application mobile téléchargeable et disponible sur tablettes numériques permet à chacun de moduler son expérience, en s’appuyant sur des visites guidées et des parcours thématiques ou personnalisés. On peut ainsi butiner librement entre les œuvres en songeant à l’incroyable destin de ce musée unique: en 1940, à la suite de l’offensive allemande sur Paris, il avait servi de refuge aux œuvres de musées parisiens, dont La Joconde.



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